• No puedo dejar el asunto asi.

     

     

    No puedo dejar el asunto asi.

     

     

              Ca fait maintenant plus d'un mois que je suis revenue en France, et je ne me suis toujours pas résolue à clore ce blog. Pour dire quoi, d'abord ? Tirer des conclusions qui ne mènent nulle part ? Ecrire un long pavé et y déverser la foule de sentiments bizarres qui m'assaillent depuis mon retour ?

              L'idée ne m'enchantait pas vraiment.

              Mais comme l'idée de laisser tout cela inachevé m'enthousiasme encore moins, je vais faire un effort et vous raconter. Vous raconter quoi, je ne sais pas. Comment je me sens, j'imagine. Et quel bilan je fais de cette année au Mexique, et de mon retour en France... et de la suite.

              Le retour, c'est violent. C'est comme le départ, mais à l'envers (non sans blague!). On ne se rend absolument pas compte jusqu'au moment où l'on vous annonce que les passagers de votre vol doivent rentrer en salle d'embarquement. Et là on regarde les gens qui sont en face de nous, selon qui nous a accompagné et on se rend compte que ce sont les 10 dernières minutes que l'on passe en leur compagnie avant un bon bout de temps. Parce que passer un an quelque part, ce n'est pas un voyage. C'est un séjour, une période de sa vie, une installation. En un an, tu te structures une nouvelle vie. En un an tu es solidement enraciné dans ton lieu d'accueil, déjà, et c'est dur de quitter tout ça.

               Et tu rentres, et les gens te posent tous la même question. Alors, c'était bien ?

               Comment vous voulez répondre à ça ?

     

             Il est peut-être encore trop tôt pour moi pour essayer de faire le bilan de mon année. Il paraît qu'on se rend réellement compte de tous les changements que ça a occasionné plusieurs mois après. Ca fait un mois et demi pour moi, et je suis encore là-bas dans ma tête. Mais je crois qu'il y a quand même certains avis que je peux émettre avec un peu de recul.

             Pendant un an, et dans une expérience aussi singulière que celle-là, y'a tout un tas de processus qui se mettent en place, à plusieurs niveaux différents. On évolue personnellement, notre point de vue change sur beaucoup d'aspects, on est confronté à énormément de nouvelles situations auxquelles on n'avait jamais eu affaire. Eh oui. Si t'es pas complètement largué en arrivant, c'est qu'ya quelque chose de bizarre.

              Pour ma part j'ai mis de longs mois à me rendre compte de certaines choses. Je suis partie pour fuir la France, inconsciemment. Dans mon esprit mon pays était has been, ne recelait plus rien de beau, d'intéressant, rien qui vaille la peine de le visiter. Pour moi la France était un pays mort ou en passe de le devenir, et j'idéalisais le Mexique avec force. Quand je suis arrivée là-bas, ça a été l'euphorie. Pendant un petit moment même. Mon discours pendant les 2 ou 3 premiers mois au Mexique était le suivant : "La France c'est d'la merde, tout est tellement mieux au Mexique !". Quand on me demandait quel pays je préférais des deux, je répondais systématiquement "Le Mexique bien sûr" alors que je ne le connaissais encore qu'à peine. Mais le fait d'être loin de mon pays que je jugeais inintéressant au possible me procurais une telle euphorie !

                Eh bien, ça peut paraître étrange comme concept, mais j'ai appris à aimer la France au Mexique. Au fur et à mesure que je cessais d'idéaliser le Mexique, je me rendais compte qu'en fait... y'a des choses chouettes, en France !

            Je crois qu'au début j'ai énormément idéalisé. Je voulais tellement que cette année soit parfaite que je me suis refusée à voir les petites choses qui n'allaient pas pendant les premiers mois. Je considère n'avoir eu aucun moment réellement difficile pendant cette année (j'entends par là un vrai coup de blues, des larmes, une envie tiraillante de revoir le pays...). Mais j'ai eu un léger malaise vers le 3e ou 4e mois, quand justement, j'ai commencé à me rendre compte que tout n'était pas parfait. Que le système mexicain avait des failles, et même des failles énormes ! Et que la mentalité mexicaine ne me correspondait absolument pas. Moi qui avait toujours parlé passionnément des mexicains en les décrivant comme "formidables, chaleureux, tellement plus cool que les français!" je me rendais compte qu'il y avait dans leur mentalité plusieurs choses qui me gênaient profondément ! C'est aussi vers ce moment là que j'ai fini par accepter que tout n'allait pas forcément aussi merveilleusement que je me le prétendais au sein de ma famille d'accueil. Je ressentais un genre de malaise, de gêne que je ne détaillerai pas. Rien de grave, mais j'étais mal à l'aise.

              Cette prise de conscience a été un processus relativement long. J'ai du revenir sur tous mes a-prioris. Cependant une fois que ce processus avait été fait, une fois que j'avais accepté l'idée qu'aucun pays n'était parfait et certainement pas le Mexique, le plus gros pas en avant était fait. J'ai appris à voir ce pays comme il était, et à l'accepter. J'ai peut-être essayé de changer un peu les moeurs mexicaines parfois, suggérant mes idées à des amis dont la vision des choses m'effrayait un peu par son conservatisme. Mais que tous les étudiants d'échange se le disent. Où que vous alliez, vous ne changerez pas les gens. Ils sont ce qu'ils sont, vous êtes ce que vous êtes. Il est inutile, dommage, et prétentieux d'essayer. J'ai fini par accepter les mexicains comme ils étaient, et cependant j'ai commencé à rencontrer des gens dont les idées étaient plus proches des miennes. J'ai commencé à rencontrer tous les artisans, les marginaux, les gens un peu plus âgés, les musiciens, les artistes, et ce sont au final les gens dont je garderai le souvenir le plus fort.

               C'est un peu une déception pour moi, je reste perplexe là-dessus, de ne pas avoir réussi à m'intégrer dans mon école par exemple. Enfin, je me suis intégrée, bien sûr, tous les gens sont adorables, je les aime tous beaucoup et ils me demandent souvent des nouvelles... mais ce sont des gens avec qui je n'ai pas réussi à passer beaucoup de temps. Pourquoi ? Parce que nos centres d'intérêts étaient trop différents. Les filles de mon âge avaient comme activités essencielles : aller se faire épiler les sourcils, manucurer ou discuter de l'amour de leur vie dont elles étaient terriblement amoureuse et qui les avait plaquées au bout de 3 semaines de relation. Les garçons de mon âge ne pensaient qu'au football et à devenir des gens importants. On ne leur enlèvera pas que ce sont des gens exceptionnels, d'une gentillesse incroyable, très chaleureux et amicaux... mais moi je voulais autre chose ! Je voulais des balades, des voyages, je voulais pouvoir discuter de bouquins avec quelqu'un, philosopher, rire, braver les interdits, échanger des points de vue, de la musique,... et tout ça c'était infaisable avec les gens de mon école. Au bout de 3 ou 4 mois, j'ai commencé à rencontrer d'autres gens... et abandonné l'école, et les gens qui y étaient. Ca me déçoit un peu de ma part de ne pas avoir su être avec eux. Je pensais pourtant être ouverte d'esprit ! J'accepte tout à fait le fait qu'ils soient différents de moi, mais je ne pouvais pas envisager le fait de passer toute l'année à faire des choses qui ne m'intéressaient pas, en parlant de choses qui ne m'intéressaient pas...

              Alors que dans le programme scolaire AFS, l'école est normalement le principal moteur social qui permet à l'étudiant d'échange de rencontrer du monde et de se faire sa place, elle n'a tenu pour moi qu'un rôle secondaire. J'aurais aimé pouvoir partager le quotidien des gens de l'école, mais je n'ai pas pu. Je n'ai pas voulu, plutôt. Je reste encore perplexe là-dessus.

               La grande majorité de mon année au Mexique a été peuplée de gens assez incroyables, à qui il était arrivés "des trucs de diiiiiingue" ! J'ai énormément appris à leur contact et je ne les remercierai jamais assez. Beaucoup de gens, par pure gentillesse, m'ont tendu la main et m'ont pris sous leur aile en se mettant en tête de me faire découvrir les belles choses de leur pays et de me faire passer un bon séjour. Il y a beaucoup de rencontres troublantes que jai faites et que je n'ai pas racontées sur ce blog, pour la simple raison que ce n'était "pas des gens très fréquentables" selon beaucoup de gens, mais qui pour moi ont été des contacts enrichissants plus que tous les autres. Oui, j'en ai rencontré des mecs qui vivaient à la rue, des camés, des marginaux, et même des gens liés au narcotraffic! Ou alors tout simplement des gens simples, mais à qui il était arrivés des choses incroyables et inimaginables. Ce sont ces gens là qui m'ont le plus appris pendant cette année.

     

                Indépendamment de tout ça, je vous dirai ce que tout AFSer vous dira : oui, en effet, on acquiert beaucoup plus d'indépendance et d'autonomie pendant cette expérience, on prend confiance en soi, on apprend à se connaître mieux.

               Cette année, au lieu de rassasier ma soif d'expériences et de dépaysement, m'a donné une bougeotte extrême. J'ai atteint un objectif surprenant : j'ai eu mon bac en candidat libre, au lycée franco-mexicain de Mexico ! Ca ne pouvait pas mieux coïncider avec les nouvelles envies que m'ont donné cette année. J'enchaîne donc sur une année sabbatique, pleine de projets plus audacieux que tous ceux que j'aie jamais faits, et j'espère pouvoir les mener à bien. Et puis on verra où est-ce que tout ça me mènera... J'ai comme objectif d'être en Argentine à la fin de l'année, pour y vivre et étudier un bout de temps. On verra.

                  Je suis donc, en tout cas, réconciliée avec la France, avec le monde entier, et les mots me manquent pour décrire l'ébullition de choses dans ma tête.

     

              Ce compte rendu est très personnel, et surtout très incomplet ! J'imagine que peu seront ceux qui iront jusqu'au bout, mais peu importe, il me fallait l'écrire. Et maintenant pour continuer en beauté dans l'art du racontage de life, j'voudrais juste laisser quelques photos des gens que j'aime, et qui me manquent.

     

    No puedo dejar el asunto asi.

     


    ISAIAS. C'est vrai que c'était peut-être pas une bonne idée, d'avoir un amoureux au Mexique. Mais c'était incroyable. Lui aussi. Incroyable. (Français, je vous le présente d'ici quelques mois, il vient en France!)

     

     

    No puedo dejar el asunto asi.

     

     

    JERRY. La personne la plus géniale du monde. Gay, drôle malgré lui, attachant comme personne, un peu fou et dont les défauts sont justes exquis :P 'me manque à un point inimaginable.



    No puedo dejar el asunto asi.



    LEONI. Allemande AFSeuse également, elle était dans la même ville que moi. LA personne avec qui on a partagé tous nos ressentis, nos impressions, des voyages et d'excellents moments !



    No puedo dejar el asunto asi.



    ADRIAN. Jeune garçon avec déjà des allures de vieillard, à la voix prodigieuse et à la musicalité géniale. Rencontré pour faire de la musique ensemble, devenu un grand ami.



    No puedo dejar el asunto asi.



    MARIO. Mec troublant. Photographe (vraiment) de talent. Aux délires et à l'intelligence décalés mais géniaux. Marquant, assurément.



     


    No puedo dejar el asunto asi.



    PABLO. Mon frère d'accueil. Délirant, tantôt mature tantôt hyperactif et agissant comme un gosse de 5 ans. Sensible et gentil. Il a été comme un frère. Vraiment.

     



    No puedo dejar el asunto asi.




    MARTA. Qui a été comme une maman pour moi, une accompagnatrice et un amour de femme!

     



    No puedo dejar el asunto asi.



    GRACO. J'ai choisi la seule photo où il a l'air gentil. Mec pas très honnête, mais très intelligent, spécial et marquant. On a eu des relations un peu spéciales. J'ai beaucoup appris par son biais.


       




                          Et encore beaucoup beaucoup d'autres.......




     


  • Commentaires

    1
    Boby !
    Dimanche 18 Septembre 2011 à 16:34

    Bah ouais, la France c'est cool ! En tous cas bon retour, j'étais content de te voir ce week-end :]

     

    2
    Samedi 24 Septembre 2011 à 23:38

    J'ai parcouru ton blog en entier par une nuit (si, si ^^) du mois d'août et je me demandais quand est-ce que tu rentrais :-)...

    Je voulais te remercier pour ce témoignage que tu as partagé ici :-). J'ai beaucoup aimé te lire, c'est très vivant et on a quasiment l'impression d'être avec toi au Mexique :-) On sent vraiment que tu as profité à fond de ton expérience :-).

    Il est vrai que ce doit être (non, c'est ! même si je n'ai jamais voyagé) une expérience formidable, mais aussi une espèce de "déchirement" au départ de son propre pays (on quitte sa famille et on sait qu'on ne la reverra pas pendant un bout de temps) et autant au départ de son pays d'accueil (d'adoption peut-être ?). En un an, on s'est construit une nouvelle "vie", et ce doit être à nouveau difficile de la quitter...

    Par contre, qu'est-ce que tu as voulu dire par le fait d'avoir "abandonné l'école" ? tu as vraiment arrêté certains cours ;-) ?

    Passons du coq à l'âne : bravo pour ton bac :-D ! Moi aussi, je l'ai passé cette année en candidate libre (mais pour d'autres raisons, je fais l'école à la maison... bien en France !) et l'ai obtenu :-).
    Aura-t-on de tes nouvelles sur ce blog ? (ou ailleurs...)
    J'aurais très envie de connaître tes futurs projets après cette année (si cela ne te dérangeait pas bien sûr) :-).

    3
    Lundi 31 Octobre 2011 à 09:37

    Sympa ton blog, très bien écrit et surtout très riche en informations.

    Dis moi il habite ou Jerry??? jajajaj

    Moi je suis a Zihuatanejo

    4
    Vendredi 25 Août 2017 à 22:54
    When I initially commented I clicked the "Notify me when new comments are added" checkbox and now each time a comment is added I get four e-mails with the same comment. Is there any way you can remove me from that service? Appreciate it!
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