• Crna Gora

     

    Montenegro ! Oh le joli pays, sur la carte si petit. Un sacre pas en avant dans le voyage, parce que, cette fois ca y est, on ne peut plus feindre de l'ignorer : on est dans les Balkans.

    Y a comme un flou poetique sur lequel les gens ici et la aiment debattre : "Mais au fait, les Balkans, ou est ce que ca commence exactement ?". Certains pretendent que la Slovenie deja en fait partie, d'autres, que les "vrais Balkans" ce n'est pas avant la Bosnie. On ne sait pas, en realite, mais en tout cas une chose est sure : quand en Croatie on parle des Balkans, les croates se designent clairement comme "legerement sous influence balkanique, bon, ok, d'accord, mais on n'en fait pas partie !". Tandis que, au Montenegro, quand on fait allusion aux Balkans, les gens tout de suite repondent "Eh bien, vous y etes".

    Pas d'ambiguite, on le sait donc maintenant : on est dans les Balkans. Par ailleurs, on le sent, aussi...

    Difficile de dire a quoi ca tient, ce ressenti. Cette sensation absolue que ca y est, on a change de pays, de monde, de tout. C'est des odeurs dans la rue, des eclats de voix qui semblent un tantinet plus ceci ou cela que ceux que l'on connaissait, des images pleines d'un exotisme un peu decale... C'est tout plein de choses, en fait, que j'aurais bien du mal a decrire.

    Arrivee a Kotor, premiere escale montenegrine : mah, mais c'est le bordel ! Charettes en ville, marches bruyants et pleins de vie, gens partout, enfants roms qui courent dans tous les sens, ... A Kotor on rencontre Nora.

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    Nora sous le drapeau du Montenegro qui regarde le paysage

     

    Nora, elle est un peu comme sur cette photo. Douce, reveuse. Ne manque que son visage qui sourit. Nora est allemande, en plein dans de fastidieuses etudes de medecine. Elle a pris quelques semaines de vacances pour aller voyager. Et en un rien de temps, un brin de discussion et quelques audacieux projets, hop, on l'embarque avec nous le temps d'une quinzaine de jours ! Belle experience que de voyager a trois dans la Vanette.

     

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    Kotor

     

    On s'enfonce dans le Montenegro. Pour la premiere fois depuis le debut du voyage, on decrit des trajectoires entortillees, courbes, pleines de virages : la route n'est pas droite. On aura fait un tour du pays assez complet.

    L'effroyable machine de l'hospitalite balkanique se met en marche pour mieux nous retenir captives, et, oh, qu'est ce que ca fonctionne bien ! Le montenegrin, plus encore que le croate, semble mettre un point d'honneur a ce que l'invite n'ait pas a lever le petit doigt pour quoi que ce soit. On se rend compte a cette occasion qu'il y a dans ce pays, comme dans tous, des choses sacrees :

    - le cafe turc. On fait bouillir de l'eau, on ajoute quelques cuillerees de cafe, puis on remet rapidement sur le feu a 3 reprises. On s'encquiert TOUJOURS avant de servir le cafe turc de si la personne le boit avec du sucre ou sans. Servir une tasse sucree a quelqu'un qui n'en prend pas usuellement est un crime a l'hospitalite, parait il.

    - la rakia. Eau-de-vie locale, consommee en quantites phenomenales dans tous les balkans. Tout le monde ici semble distiller sa propre rakia, comme si c'etait la plus evidente des choses. La rakia, c'est fort, c'est bon, ca chauffe partout, et surtout, ca ne se refuse pas.

    - les petits-coussins-sous-les-fesses. On ne laisse jamais, o grand jamais, un invite s'asseoir a meme le sol (pourtant Cleo et moi on aime bien ca, mais inutile d'insister : ce n'est decemment pas envisageable).

    - les galanteries. Certes, l'accordeon pese 10 kilos, bon, mais tout de meme, on aimerait bien pouvoir le porter parfois. Les hommes ici se font un plaisir et - presque - une obligation de porter toutes nos affaires. On a beau jouer les femmes fortes, ca ne marche pas toujours...

     

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    Virpazar, pres du lac de Skadar

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    Le Montenegro, c'est beau. Certes, tous les pays sont beaux. Mais enfin je ne sais pas, il y a quelque chose dans les paysages d'ici de particulierement puissant, evocateur. Pour moi, permis de conduire en poche depuis a peine 3 mois, c'est assez complique de gerer la Vanette tout en regardant le panorama. Parce que, non, dans ce pays, ce n'est pas possible de conduire sans s'emerveiller des alentours. Alors, eh ben, on fait ce qu'on peut... c'est a dire qu'on s'arrete tout le temps, pour profiter du paysage en toute securite au bord de la route... puis on repart, et on va planter la tente au milieu de ces montagnes qu'on admirait par la fenetre une heure plus tot.

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    Il y a dans les Balkans quelque chose avec la route que je ne sais pas trop comment expliquer. Moi, je suis plus familiere de la rue : a force d'y jouer de la musique on finit par se rendre compte qu'il s'y passe des choses qui se repetent, que la rue a ses lois, ses evidences, ses images... Sa vie propre, quoi. La route, dans les Balkans, c'est pareil. Les gens ici ont une facon de s'approprier la route, de la faire leur, qui est tout a fait delicieuse ! Il y a des petites mamies, les bras pleins de grandes gerbes de plantes sauvages, qui agitent leur garnison au nez des automobilistes (sait-on jamais, on peut toujours avoir un besoin urgent d'asperges sauvages). Il y a les maisons de bric et de broc qui sont dressees la sur la chaussee, on ne sait pas trop pourquoi ni comment, mais elles sont la et il y a de la vie autour et dedans. Il y a les caleches qui par endroits sont plus abondantes que les voitures et forcent les rutilants vehicules a patienter un peu (et, patients, les montenegrins ne le sont pas trop lorsqu'ils conduisent...). Il y a les konoba, tout petit restaurants populaires, qui sont perdues elles aussi au bord de la route et qui ouvrent une porte chaleureuse a qui voudrait y entrer. Il y a des tas de choses comme ca qui font qu'un trajet en voiture ce n'est jamais aussi simple que ca : il faut s'arreter, s'emerveiller, discuter, rester parfois...

     

    Crna Gora Crna Gora

    Rencontre avec Andrija, au bord de la route justement.
    Musique, rakia, jus de grenade, et autres bonheurs fugaces le temps d'un arret...

     

     

    Le printemps arrive, repart, revient... On se fait inviter pendant deux jours chez les parents de Nino, rencontre quelques jours auparavant a Podgorica, la capitale. Premiere fois que l'on se retrouve en milieu rural, chez des gens avec qui l'on communique sans aucun mal malgre d'evidents problemes de langage. Plus on s'enfonce dans l'est, moins les gens parlent anglais... On s'en sort plutot bien : notre vocabulaire ne cesse d'augmenter, et on se surprend parfois a etre capable de formuler quelques phrases hesitantes et qui sont probablement grammaticalement scandaleuses... mais on communique, on se fait comprendre et on comprend ! C'est fou de sentir ces choses la venir petit a petit.

     

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    Cleo plante des patates dans le terrain familial.
    Enfin, pas trop longtemps quand meme, parce qu'ici l'agriculture est reste quelque chose
    d'eminemment masculin. On comprend qu'on bouscule parfois un peu les mentalites. De la delicatesse s'impose...

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    Neda et sa čorba

    La čorba, un autre delice des Balkans. La čorba c'est tout simplement la soupe. La soupe de ce qu'on veut : haricots, patates, viande, ... mais enfin avec quand meme un petit gout d'ici qui fait que dans nos tetes on fait la difference. La čorba, par ailleurs, n'est jamais mixee.

     

    Depuis qu'on est au Montenegro, la musique dans la rue, ce n'est plus la meme chose non plus. On attire a nous de veritables foules, composees le plus souvent de gitans. C'est que la rue, eux aussi, c'est leur territoire... dans toutes les villes ou l'on passe, on les retrouve toujours. Les enfants qui mendient aux terasses des cafes, les adultes assis par terre, vieux chapeau devant qui appelle a quelques pieces de monnaie. On aurait pu croire que les roms ne verraient pas d'un tres bon oeil notre initiative d'aller jouer dans la rue, mais au contraire : ils sont tres curieux de nous la plupart du temps et il y a beaucoup de bienveillance dans tout ce que l'on est ammene a echanger.

    A noter aussi, le repertoire balkanique a l'accordeon qui fait reagir les gens... C'est que les balkans, maintenant, on y est, et les gens se reconnaissent dans ces "Jovano Jovanke" , "Ajde Jano" et autres "Ani Mori Nuse". Ca reveille des conflits en eux parfois. Il faut faire attention et s'enquerir a chaque fois de qui a fait la guerre a qui avant d'aller chanter inocemment des morceaux qui ravivent de vieilles douleurs. En Croatie, on n'aimait pas trop que je chante "Ajde Jano" (chanson serbe). Ici, c'est plutot avec l'Albanie que ca ne passe pas. Pour d'autres raisons, d'autres histoires... et ces histoires la, par le biais de la musique, on commence a les decrypter peu a peu. Quelques unes d'entre elles, du moins.

     

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    Musique a Nikšič

     

    Le Montenegro pour nous ca a aussi ete ces longues echappees dans la nature. Nora etant avec nous, on a plante la tente pendant deux semaines. Alors, forcement, des choses se creent, des moments se font : des veillees au coin du feu, des lectures dans la tente, des petits repas mijotes sur les braises, des baignades dans les rivieres...

     

    Crna Gora

    Crna Gora

    Et la Nora, qui est retournee dans son Allemagne et qui nous manque !

     

     

    Que dire encore... Tellement de choses, en verite. Cet article-bordel pullule de photos et de bribes de textes, mais il me semble qu'il manque cruellement de tout, qu'il ne dit rien de ce que ca a ete d'etre la. Ca devient de plus en plus dur, d'ecrire sur ce voyage. Il faudrait y passer des heures, s'arreter sur bon nombre de details parce que, aussi insignifiants qu'ils soient, ils nous ont touchees d'une facon ou d'une autre. Le temps manque pour raconter tout ca, les longues seances de cyber cafe sont epuisantes quand on revient de dix jours perdue en pleine campagne... Enfin ! On trouvera d'autres facons pour raconter. (j'y reflechis activement)

     

    Manon                         

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Lundi 25 Août 2014 à 16:12
    Erasmus

    Les paysages sont vraiment magnifique, cela donne envie de faire son sac et de partir à l'aventure wink2

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