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    Ljubljana, si on n'est pas prévenu, on pourrait presque la rater alors qu'on est précisément au volant pour la rallier. Ça se passe comme ça : en conducteur prévoyant, on s’enquiert un peu avant, sur la carte, de la route à suivre pour gagner la capitale. Sauf que la Slovénie est petite, et se traverse vite : alors que l'on conduit tranquillement en s'imaginant encore une bonne heure avant d'arriver à destination, voilà que, surgi de nulle part, apparaît le panneau Ljubljana. Non seulement il est inattendu, mais en plus, ce qui l'entoure n'évoque pas franchement l'entrée dans une capitale. Quelques maisons, des champs. Une vache qui mâchouille nonchalamment son brin d'herbe. Certes, c'est vaguement gris, mais tout de même, rien à voir avec nos périphériques urbains français où l'on flaire les villes des dizaines de kilomètres avant d'y entrer. 

    On croirait arriver dans un village, mais après quelques minutes, ça se précise : ça y est cette fois c'est bien elle, la capitale. Petite ville si on la compare aux nôtres, mais tout de même. Je gare la voiture à Metelkova, centre artistique, alternatif et haut lieu de vie nocturne. C'était une caserne militaire autrefois, et c'est là maintenant que se concentre toute la fête, la marginalité et l'excentricité de Ljubljana. Alors voilà, je m'établis pour un temps à Metelkova, et c'est parti, et ça va durer plus d'un mois. 

    Ljubljana Ljubljana

     

    Ljubljana Ljubljana

     

     

    Ljubljana, dans un premier temps, c'est l'immobilité. La paralysie de l'hiver, la neige, le froid. Ça caille fort, très fort, il me semble que ça fait une éternité que je n'ai pas senti le bout de mes doigts. L'eau du chien gèle toutes les nuits dans sa gamelle. J'explore méthodiquement le centre ville, jour après jour, à la recherche d'une aventure pour me réchauffer de ce froid ; une rencontre, pourquoi pas !

    Dans cette atmosphère hivernale où je nous trimbale toute la journée, moi, mes quatre épaisseurs de polaires et mon chien, j'ai une soif d'humanité telle que je suis à l'affût du moindre sourire, de la moindre parole, prête à me jeter sur la première personne venue pour faire connaissance et me réjouir d'un peu de compagnie, un peu de conversation, un peu de partage. Je guette, j'observe, j'ouvre grand les yeux et les oreilles, mais rien à faire : rien ne se passe. Les jours se succèdent les uns aux autres, j'ai plusieurs kilomètres dans les pattes et plusieurs litres sans doute de café-crème dans le gosier, mais de parole échangée, d'interaction humaine, si peu !

    Il me semble que la ville est un peu injuste avec moi, refuse de m'accueillir, refuse de m'offrir une petite aventure... Pourtant, de mon côté, je fais les efforts qu'il faut : je m'intéresse à la langue slovène et m'efforce de la baragouiner, je dors dans les moins 10 degrés sans me plaindre, je respecte même l'absurde mais puissante loi du petit bonhomme du feu tricolore : tant qu'il est rouge, même s'il est deux heures du matin et que la dernière voiture est passée il y a une demi heure, je ne traverserai pas ; j'attends le vert (les slovènes sont épatants avec ça. Quelle docilité!). Si seulement il faisait un peu moins froid, je pourrais aller chanter dans la rue, mais un bon paquet de degrés me séparent de cette éventualité. Je tente le coup dans les bars et, partout où je passe, je demande s'il serait possible de chanter ici ou là. Rien n'aboutit jamais... Les jours passent encore ; je suis fatiguée de ce froid, de ces efforts déployés et de cette ville qui ne me les rend pas. 

    J'hésite à partir. La Croatie, le bord de mer ! Je sais de source sûre que, même en février, le soleil y campe. Est-ce que tout ne serait pas plus facile si j'écourtais mon séjour à Ljubljana pour filer tout droit vers l'Adriatique ? 

    Mais enfin justement, ce qui est intéressant cette fois, c'est peut-être bien ça. Que tout ne soit pas facile

     

     


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    C'était il y a déjà deux mois de ça, enfin presque, enfin bon, avec retard j'y reviens : la route. Juste ça, parce que mine de rien, en voyage, elle prend de la place. Traverser, se déplacer : dans la voiture ce sont des heures creuses mais c'est déjà voyager. Ça ouvre le champ nécessaire à la pensée, et aussi à cette drôle d'émotion épidermique, excitation post départ : je suis r'partie, oh! (ça met toujours un peu de temps à réaliser).

    Alors, d'abord, traverser l'Italie. Pénible, long, compliqué, surindiqué, et même pas joli par la fenêtre en plus de ça. A coup de huit heures de conduite par jour, je m'envoie dans les roues des kilomètres et de kilomètres de routes grises et industrialisées qui tirent la tronche dans un hiver indécis. Bon, jusque là, ça colle d'assez près au souvenir que j'en avais... Ouzo dort, dort et redort, parfois il bouge un peu, change de place : il cherche LA position idéale dans laquelle son petit corps de chiot s'incrustera le plus harmonieusement dans le siège passager. Peine perdue mon loulou, c'est comme ça, rouler longtemps, c'est chiant. Nos corps ne sont pas faits pour ça. 

    Et enfin : la Slovénie ! Grand bonheur d'arriver. Tout paraît plus simple, plus joli, plus doux. Je m'arrête pour dormir dans un petit village frontalier. Au réveil, surprise : la Slovénie pour me souhaiter la bienvenue a neigé toute la nuit. 

     

    Sur la route > Slovénie

     

     

    On reconnaît  dans ces contrées-là le touriste au fait qu'il est le seul, à des kilomètres à la ronde, à ne pas posséder de pelle à neige. C'est mon cas. Je passe deux jours bloquée sur ce parking, mais enfin c'est pas de refus : un peu de repos de la route, flânage toute la journée au café, tout près du poêle à bois (c'est que ça y est, l'hiver commence à mordre très fort par ici). Les locaux me regardent avec suspicion ; toutes les têtes se tournent systématiquement vers moi lorsque j'entre quelque part - il est aisément détectable, le faciès étranger, dans ces petits villages où tout le monde se connaît. Mais enfin les gens sont chaleureux, et finalement, pas plus curieux que ça : ils me laissent, le nez dans les cafés-crèmes que je sirote à longueur de journée, méditer ma route, prémâcher la suite. 

    Et puis passe le sacro-saint chasse-neige et c'est reparti. 

    Avant de rallier Ljubljana, où j'ai l'intention de passer quelques temps, je fais un petit tour de l'ouest du pays. La Slovénie, c'est quand même des paysages d'hiver assez fabuleux. Ça fait tout doux tout chaud au cœur et aux yeux. 

     

    Sur la route > Slovénie

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    Zinternautes intergalactiques et au-delà, c'est à vous que je m'adresse, enfin, si vous êtes encore là. Non, en fait je ne sais pas, peut-être bien que cette fois c'est avant tout à moi-même que je parle en reprenant cette page, qui me suit depuis quelques années déjà... Je me revois à seize ans, quelques mois avant le départ pour le Mexique, créer ce blog avec dans les doigts toute l'excitation des incommensurables merveilles que j'allais, cela va de soi, y écrire. Aujourd'hui je me relis, et je rigole et je rougis et je me trouve puérile. Mais je me vois grandir. Alors, juste histoire de m'émerveiller dans quelques années en retrouvant des textes enfouis au fin fond de la blogosphère, c'est reparti pour un tour en Chamboultou... 

    Balkans, again. Eh oui cette fois j'ai envie d'aller un peu plus loin dans les choses (comme l'impression de n'avoir rien approfondi auparavant ? enfin, toujours est-il que : je reste sur ma lignée, me revoilà dans l'est !). Différence notable : cette fois je suis la seule créature humaine embarquée sur la route. Il y a par contre à côté de moi sur le siège passager une autre créature, plus développée dans le sens capillaire du terme et moins haute sur pattes - cependant, lui en a quatre : Ouzo, petit pote chien qui a trois mois maintenant et que j'ai convié dans ma vie pour ce voyage et tout ce qui viendra après. 

    Alors, voilà. Je suis repartie parce que je cherche encore comment m'inscrire dans le monde, et il m'a semblé que de reprendre la route, et chanter et écrire et rencontrer, c'est plutôt riche comme terrain de recherche. Quand bien même je ne trouverais pas tout de suite, ce ne sera jamais du temps perdu, quoi qu'il arrive. Et comme l'écriture, lorsqu'on la pratique par nécessité absolue - je crois que c'est mon cas - , c'est un peu une hygiène de vie, je compte bien venir me délester régulièrement sur ce blog de tous les mots qui viendraient à me démanger. Et il y en aura, ça ne fait aucun doute : je suis plutôt du genre chatouilleuse.

     

     

     


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